"La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté." (Max Stirner)."
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21 avril 2008

Chomsky : Affamer les pauvres


La pression à la hausse sur les cours du maïs, qui devient désormais une ressource énergétique avec la filière Ethanol, a provoqué une augmentation de 50% sur les tortillas au Mexique, déclenchant des protestations parmi les travailleurs agricoles dont c’est l’alimentation de base. Loin des prétentions des thuriféraires de la mondialisation qui la présentent comme un mécanisme ne faisant que des gagnants, la réalité de la domination américaine sur les marchés déstabilise les plus faibles en Amérique Latine.

Par Noam Chomsky, 16 mai 2007, The International News

Le chaos provoqué par ce qu’on appelle l’ordre international est bien néfaste pour ceux qui se trouvent dans les niveaux inférieurs de la structure. Les tortillas [crêpes de maïs mexicaines] sont maintenant l’enjeu d’un conflit. Dans plusieurs régions du Mexique le prix des tortillas a augmenté de plus de 50%. En janvier, dans la ville de Mexico, des dizaines de milliers de travailleurs et de paysans ont manifesté sur le Zócalo, place centrale de la ville, pour protester contre le prix trop élevé des tortillas.

En réponse le gouvernement du président Calderón est parvenu à un accord avec les producteurs et les détaillants pour fixer une limite aux prix de la tortilla et de la farine de maïs, très probablement une solution temporaire.

La hausse des prix menace le principal produit alimentaire des Mexicains pauvres. C’est l’un des résultats de ce qu’on pourrait appeler l’effet éthanol, conséquence de l’acharnement des Etats-Unis à vouloir produire de l’éthanol à partir du maïs - substitut énergétique du pétrole, dont les principales réserves se trouvent bien sûr dans les régions du monde où l’ordre international est le plus menacé.

Ainsi l’effet éthanol aux Etats-Unis a fait monter les prix d’une bonne quantité de produits alimentaires, comme les céréales et la volaille. Il n’existe pas de relation directe entre l’instabilité au Moyen-orient et le coût de l’alimentation aux Etats-Unis, bien entendu. Mais comme toujours dans le commerce international les puissants font incliner la balance. Depuis bien longtemps l’un des objectifs de la politique extérieure des Etats-Unis a toujours été de créer un ordre global dans lequel les entreprises états-uniennes disposent d’un libre accès aux marchés, aux ressources et aux opportunités d’investissement. C’est ce qui est communément appelé le « libre échange », dénomination qui ne résiste pas au premier examen sommaire.

Cela n’est en rien différent de ce que la Grande-Bretagne, antécesseur dans la domination mondiale, avait imaginé durant la deuxième moitié du XIXème siècle quand elle adopta le libre échange, non sans avoir auparavant atteint une puissance industrielle bien supérieure à tous ses rivaux potentiels grâce à 150 ans d’interventionnisme étatique.

Les Etats-Unis ont dans une grande mesure suivi le même modèle. Généralement les grandes puissances désirent un certain niveau de libre échange lorsqu’elles considèrent que cela favorise les intérêts économiques qu’elles protègent. Cela a toujours été, et cela reste, l’un des caractères principaux de l’ordre international.

Le boom de l’éthanol relève de la même logique. Comme le signalent C. Ford Runge et Benjamin Senauer, spécialistes de l’économie agricole, dans le dernier numéro de Foreign Affairs, « l’industrie du biocombustible n’est pas activée par les forces du marché mais elle est depuis longtemps dominée par les intérêts de quelques entreprises », notamment par Archer Daniels Midland, le plus grand producteur d’éthanol.

La production d’éthanol se maintient grâce aux subventions de l’Etat et grâce aux tarifs douaniers forts élevés qui empêchent l’entrée de l’éthanol brésilien issu de la canne à sucre, nettement meilleur marché et de meilleure qualité. En mars lors d’un voyage du Président Bush en Amérique latine, la seule chose à laquelle il soit parvenu c’est à un accord avec le Brésil pour une production conjointe d’éthanol.

Mais Bush, tout en répétant la rhétorique du libre échange pour autrui soulignait que les hauts tarifs douaniers qui protègent les producteurs états-uniens seraient maintenus, ainsi que bien entendu tous les dispositifs d’aides gouvernementales pour cette branche.

Malgré les énormes subventions apportées à l’agriculture [états-unienne], financées par les contribuables, les prix du maïs et des tortillas ont augmenté très vite. L’un des facteurs c’est que les industriels commencent à utiliser les variétés de maïs mexicain qui sont meilleur marché. Cela fait monter les prix. Le Traité de libre commerce (TLC) de 1994 peut jouer un rôle de plus en plus important. Les déséquilibres initiaux du TLC ont eu pour conséquence d’inonder le Mexique de produits de l’agro-industrie subventionnée - contraignant bien des producteurs mexicains à abandonner leur terre.

L’économiste mexicain Carlos Salas après une analyse détaillée des données a signalé que, après une augmentation constante jusqu’en 1993, l’emploi dans l’agriculture a commencé à baisser avec l’entrée en vigueur du TLC, notamment parmi les producteurs de maïs - conséquence du TLC selon les conclusions de Carlos Salas et d’autres. Un sixième de la force de travail mexicaine dans l’agriculture a disparu depuis le début du TLC, et ce n’est pas fini. Cela fait baisser les salaires dans d’autres secteurs de l’économie et cela fait augmenter l’immigration vers les Etats-Unis. Ce n’est certainement pas tout à fait par hasard si le Président William Clinton a militarisé la frontière mexicaine -auparavant assez ouverte-, en 1994, juste au moment de l’entrée en vigueur du TLC.

Le Mexique auparavant autosuffisant sur le plan alimentaire est devenu dépendant des Etats-Unis du fait de la politique de « libre échange ». Le prix du maïs augmentant aux Etats-Unis, sous la pression des grandes entreprises et de par l’interventionnisme de l’Etat, on peut anticiper que les prix continueront d’augmenter de façon drastique au Mexique. De plus en plus les biocombustibles sont susceptibles d’« affamer les pauvres » dans le monde, disent Runge et Senauer, dans la mesure où les produits sont transformés en éthanol pour les privilégiés - le manioc en Afrique sub-saharienne pour prendre un autre exemple préoccupant.

De la même façon, dans le sud-est asiatique, les forêts tropicales sont taillées et brûlées pour produire de l’huile de palme destinée aux biocombustibles. Et aux Etats-Unis l’environnement est menacé par l’utilisation de grandes quantités d’intrants dans la production de maïs pour d’éthanol.

Le prix élevé de la tortilla, comme les autres soubresauts de « l’ordre international », montre le lien qui existe entre les événements du Moyen-orient au Midwest [« Moyen Occident », région centrale des Etats-Unis] et la nécessité d’établir des relations commerciales basées sur des accords vraiment démocratiques entre les personnes, et non sur des intérêts dont l’objectif principal ce sont les bénéfices des grandes entreprises subventionnées et protégées par l’Etat qu’elles dominent complètement, sans la moindre considération pour le coût humain.

ContreInfo


14 avril 2008

Les fausses explications de la crise alimentaire dans la presse

Depuis plusieurs jours, des manifestations populaires prennent forme
dans de nombreux pays du Sud. Les raisons de ce mécontentement sont
partout semblables ; les prix de la nourriture de base ont augmenté de
manière aussi brutale qu'importante et les populations, déjà
paupérisées par la mondialisation, se retrouvent dans l'incapacité
d'assumer cette charge supplémentaire. Les peuples ont faim ! Les
causes de cette flambée sont multiples mais elles sont globalement
issues des jeux économiques. D'une part, une spéculation de replis sur
les denrées alimentaires suite à la crise des subprimes, d'autre part
la production d'agrocarburants et le réchauffement climatique.
Pourtant, certains journalistes pointent dans leurs articles les
autorités locales africaines comme responsables des choix
catastrophiques en matière de politiques alimentaires, semblant
ignorer que les politiques agricoles des pays du Sud sont soumises aux
conditionalités de la Banque mondiale, du Fonds Monétaire
International (FMI) ou encore aux Accords de Partenariats Économiques
(APE). Ceux qui façonnent l'opinion publique font ici preuve d'une
légèreté étonnamment orientée. C'est ainsi que l'on peut lire dans la
presse écrite belge : <<>

>>. Raccourci étonnant. Aussi étonnant que simplificateur et qui

dédouane à peu de frais les politiques néolibérales de privatisations,
de plans d'ajustements structurels, imposés depuis bientôt trente ans
par les Institutions Financières Internationales (IFI's) et les
gouvernements du Nord au reste de la planète.

par Eric De Ruest

Les PAS (plans d'ajustements structurels) ont été imposés par les
institutions de Bretton Woods aux pays du Sud dans le contexte de la
crise de la dette du début des années 1980 |2|. Ces mécanismes, tout
droit issus de l'idéologie néolibérale, englobent l'ensemble des
secteurs des sociétés visées. En effet, pour les théoriciens du
néolibéralisme, la mondialisation déploiera l'ensemble de ses
bienfaits quand chaque région produira ce en quoi elle excelle et
laissera donc le soin aux autres régions de produire la majorité de ce
dont elle a besoin. C'est en substance la théorie des avantages
comparatifs datant de 1817. Plus simplement, un pays reconnu comme
étant particulièrement adapté à la culture du cacao doit renoncer à
produire les céréales, les huiles végétales, les légumineuses
nécessaires à l'alimentation de base de ses habitant(e)s et doit
échanger sur le marché mondial sa production contre tout ce qui lui
manque. Il s'agit donc de se couper des cultures vivrières séculaires
et essentielles à la souveraineté alimentaire des peuples pour se
plier aux jeux des économistes. Jeux dangereux qui ont montré leurs
limites très rapidement et dont on peut contempler toute la déraison à
travers les échecs observés dans de nombreux pays ( Haïti, le Sénégal,
le Burkina Faso, etc.). Dangereux car ignorant la destruction de la
biodiversité au profit des monocultures d'exportations, ignorant aussi
les impacts écologiques désastreux des transports nécessaires pour
toutes ces marchandises. De plus, comment imaginer, sans une politique
volontariste de contrôle des prix, qu'un pays qui exporte l'arachide
dont les cours restent bas pendant 20 ans sur le marché mondial pourra
importer les tracteurs et le pétrole nécessaires à son maintient sur
ce marché ? Quand on connaît la tendance des cours du Brent à
s'envoler toujours plus vers de nouveaux sommets et des prix des biens
manufacturés à rester démesurément supérieur aux cours de cette pauvre
cacahuète, on imagine la catastrophe. C'est immanquablement la ruine
et la famine pour la paysannerie locale et l'inévitable migration vers
les bidonville pour une large partie de cette population.

Quelle est donc cette théorie issue des milieux intellectuels réputés
sérieux qui fait fit de la biodiversité, de la souveraineté
alimentaire des peuples, des risques de destruction par différents
fléaux naturels ou humains accrus par le choix de la monoculture, de
l'essence chaotique du marché |3|, de la pollution généralisée ?

Une stratégie délibérée de transformation sociale à l'échelle mondiale
Dans son premier rapport de 1999 consacré aux PAS, M. Fantu CHERU |4|
explique que l'ajustement structurel va <<>> Réduction du rôle de l'Etat. Et cela vient
d'un rapporteur spécial des Nations-Unies. M. CHERU n'est d'ailleurs
pas le seul rapporteur des Nations-Unies à avoir évoqué dans ses
travaux les conséquences néfastes des PAS. Des critiques détaillées
issues des travaux d'autres experts onusiens font feu de tout bois
dans les domaines du droit au logement, du droit à l'alimentation ou
encore à celui de l'éducation |5|. Là où les IFI's imposent la
privatisation et ouvrent une voie royale à l'appétit gargantuesque des
multinationales. C'est donc à cause d'une dette trop souvent issue de
dictatures ou d'emprunts réalisés par les puissances coloniales (l'un
n'empêchant pas l'autre) et transférés aux états nouvellement
indépendants, que les gouvernements des pays du Sud (d'Afrique en
particulier) |6| ont été contraint d'accepter les PAS et ainsi
concéder une part importante de leur souveraineté. Si bien qu'avancer
aujourd'hui que les choix stratégiques pour l'alimentation seraient
encore dans les mains des gouvernements du Sud relève à moins d'un
manque d'information indigne du journalisme que l'on est en droit
d'attendre en démocratie. Entendons par la que fustiger à tord les
africains est une contre-vérité lourde de sens et qui n'aide en rien à
créer un climat fraternel entre les peuples.

Un exemple pour mieux comprendre les impacts négatifs des PAS : Haïti
Les émeutes qui se sont déclenchées la semaine dernière à Port-au-
Prince, mais aussi dans d'autres villes haïtiennes, ont été réprimées
dans le sang. Une quarantaine de blessés au total dont quatorze par
balles et au moins 5 morts. Pourtant, ces manifestations n'étaient que
le résultat prévisible d'une flambée subite du prix du riz (de l'ordre
de 200%). Quand on sait qu'aujourd'hui 82% de la population vit dans
une précarité absolue avec moins de 2$ par jour, on comprend
facilement de telles réactions face à cette augmentation. Haïti
utilise 80% de ces recettes d'exportation uniquement pour couvrir les
importations nécessaires à ses besoins alimentaires |7|. Cependant, il
n'en a pas toujours été comme cela. Avant la chape de plomb
dictatoriale des Duvalier père et fils (de 1954 à 1986), l'île
connaissait l'autosuffisance alimentaire. Mais la tendance qu'ont les
IFI's à soutenir les dictatures s'est encore confirmée ici et le
peuple haïtien, en plus des blessures personnelles (tortures,
exécutions sommaires, climat de terreur permanent instauré par les
tontons macoutes), se voit réclamer le remboursement de la dette
externe qui culminait en septembre 2007 à 1,54 milliard de dollars |8|
Le secteur agricole aura été le plus durement touché par les exigences
des prêteurs et puisque la population était majoritairement rurale,
l'ampleur des dégâts n'en a été que plus importante. En cause ?
Principalement l'abaissement des droits de douanes imposé aux pays du
Sud mais rarement respecté entre l'Europe et les Etats-unis. Et
l'enchaînement fatal s'est mis en place ; arrivée d'un riz produit à
l'étranger à moindre coût (car subventionné) donc exode vers les
villes de nombreux paysans ruinés et donc impossibilité de réaction du
marché local en cas de flambée des prix sur le marché international.
Ici comme ailleurs, les bénéfices de la libéralisation sont
inexistants pour la très grande majorité de la population, les dégâts
sont par contre considérables.

Un tsunami d'origine bien humaine
Quand les pompiers pyromanes communiquent, partout la presse y fait
écho. Le (pas très bon) mot de L.Michel est cité par tous les
journalistes de la place européenne : <<>>. On pourrait croire par là que la crise a une cause
extra-humaine, comme le fruit d'une catastrophe naturelle. Pourtant,
comme nous l'avons développé plus haut, les causes de la crise sont
par trop le résultat de politiques dictées par les milieux financiers
aux gouvernements du Sud. C'est aussi à notre voracité énergétique
qu'il faut imputer une des cause de cette crise ; Les agrocarburants
rentrent bien en concurrence, sur le marché, avec les denrées
alimentaires. La spéculation qui se fait autour de cette nourriture
changée en carburant tire le prix des céréales et du sucre vers de
nouveaux plafonds. Même Peter Brabeck, patron de la multinationale
Nestlé, s'inquiète de la situation dans une interview au journal
suisse <<>> du 23 mars 2008. Pour lui, si l'on veut
couvrir 20% de la demande pétrolière avec des agrocarburants, il n'y
aura plus rien à manger |9|

Il est donc plus que temps d'abandonner ce modèle de
(sous-)développement néfaste et de laisser le choix aux populations de
cultiver prioritairement pour leur marché intérieur. Actuellement,
avec les connaissances acquises dans le domaine de l'agriculture
respectueuse de l'environnement, nous pouvons viser l'autonomie
alimentaire régionale sur l'ensemble de la planète et donc satisfaire
à un droit humain fondamental, celui de se nourrir décemment. Les
conséquences positives de ces progrès tant attendus seraient de
favoriser rapidement la santé dans un premier temps, puis l'éducation,
induisant une qualité de vie meilleure sous toutes les latitudes.

notes articles:

|1| p.4 de <<>>, un article de M.F.C. (avec l'AFP et
Reuters) ce jeudi 10 avril 2008

|2| Lire E.Toussaint <<>> chap.8 p.187 coédition Syllepse /CADTM/CETIM, 2004.

|3| Benoît Mandelbrot a conçu, développé et utilisé une nouvelle
géométrie de la nature et du chaos. On sait moins que la géométrie
fractale est née des travaux que Mandelbrot avait consacré à la
finance au cours des années 1960. Pour de plus amples informations
lire : <<>>, de Benoît Mandelbrot,
1959-1997 en poche.

|4| Expert indépendant auprès de l'ancienne commission des droits de
l'homme des Nations-Unies (sur les effets des PAS sur la jouissance
effective des droits humains - rapport E/CN.4/1999/50 du 24 février
1999)

|5| Lire à ce propos la brochure éditée par le CETIM <<>>, décembre 2007.

|6| Pour le Congo par exemple, au 30 juin 1960, jour de
l'indépendance, la dette directe s'élève à un total de 921 096 301,44
US$ >> (Tiré de l'article de Dieudonné Ekowana).

|7| Ce qui laisse très peu de marge pour tout le reste, tout ce qui
est pourtant nécessaire au développement d'un pays. Jamais d'ailleurs
le duo infernal FMI/BM ne s'est vanté d'une quelconque réussite de ses
politiques sur cette île.

|8| Selon la Banque mondiale et l'Office des Nations unies contre la
drogue et le crime (UNODC) Bébé Doc. aurait détourné au total entre
300 et 800 millions de dollars.

|9| Tout comme le Premier ministre italien, Romano Prodi, sceptique
sur les bénéfices des agrocarburants et qui a affirmé qu'une
transition vers ce type de palliatif au pétrole aurait un impact
négatif sur la production alimentaire.

Alterinfo

08 avril 2008

Claude Allègre, nouvelles contrevérités sur le climat

Claude Allègre, nouvelles contrevérités sur le climat

Claude_allegre L'ancien ministre socialiste et qui voulait devenir ministre de Nicolas Sarkozy publie ce matin un nouvel article sur le climat dans l'hebdomadaire Le Point. Il est fondé sur des contreverités factuelles impardonnables pour un scientifique censé respecter un minimum de règles éthiques dans sa communication avec le public.

La première est la plus énorme. Voici ce qu'écrit Claude Allègre :

"Les très officielles et respectées agences Hadley Center, Nasa, GISS ont effectivement confirmé que l'année 2007 avait été caractérisée par une chute des températures de 0,60 à 0,75°C, une valeur qui annule en un an l'augmentation moyenne de températures depuis vingt ans".

Or, voici justement ce qu'écrivait le GISS (Goddard institute for space studies), donc l'équipe de James Hansen, dans son bilan de l'année 2007: "L'année 2007 est la seconde année la plus chaude dans la période couverte par les données instrumentales, derrière l'année record en 2005".

Comme l'éminent géochimiste a t-il pu en arriver à écrire une telle énormité ? Tout simplement parce qu'il fait semblant de ne pas savoir lire une courbe sur un graphique. Il présente en effet, à l'appui de sa tonitruante affirmation, une courbe des écarts moyens de températures depuis 1988 à l'échelle mondiale, établie par le Hadley Center, le centre de recherche du Met Office britannique.

Or, il se trouve que le mois de janvier 2008 est exceptionnellement froid, à l'échelle mondiale. Mais Claude Allègre raisonne comme si la température moyenne de ce seul mois de janvier 2008 était celle de toute l'année 2007. Une erreur grossière qui vaudrait un zéro pointé à un étudiant de première année en géosciences.

Voici la courbe des anomalies de températures mondiales et la carte de celles de 2007 établies par l'équipe de James Hansen, au GISS.

Fig1_2007annual_s_4

La baisse de 0,60°C à 0,75°C dont parle Claude Allègre existe, mais elle résulte d'une comparaison entre le seul mois de janvier 2007 et le seul mois de janvier 2008. Comme janvier 2007 fut exceptionnellement chaud - le troisième mois de janvier le plus chaud depuis un siècle ! - et celui de janvier 2008 exceptionnellement froid... il est logique que la chute soit drastique. Voici d'ailleurs la carte des anomalies de températures en janvier 2008
Tempratures_janvier_2008_2

Cette carte explique l'origine de cette situation exceptionnelle. Si l'anomalie froide sur l'Asie centrale est peu ou prou compensée par une anomalie chaude sur l'Europe du Nord et la Sibérie, l'essentiel se joue sur le Pacifique tropical. La grande tache bleue signale que l'océan est le siège d'une Nina de très grande ampleur.El_nina_fevrier_2008 Il s'agit de la phase froide de l'oscillation bien connue des climatologues et des océanographes dont le nom scientifique est ENSO, pour El Nino southern oscillation. En phase chaude - El Nino (désolé pour les hispanophones, mais je ne sais pas mettre le tilde sur le n...) se traduit par un énorme glissement vers l'Amérique des eaux chaudes de surface. C'est l'El Nino de 1997-1998 qui explique que l'année 1998 fut longtemps la plus chaude du siècle. Puis, en phase froide, ce sont les eaux profondes, froides, qui s'étendent plus que d'habitude à la surface du Pacifique Est. Le satellite d'altimétrie Jason observe cette Nina depuis la fin de 2007.

La comparaison faite par Allègre entre les deux mois de janvier 2007 et 2008, et présentée de manière ou mensongère ou erronée, est donc de peu d'intérêt climatologique. La preuve : on observe une chute de même ampleur entre le mois le plus chaud de 1998 et le mois le plus froid de 1999. Déjà, c'était l'oscillation El Nino/La Nina qui était en cause.

Claude Allègre, dans son article multiplie les exemples d'événements météo ou saisonniers récents - chutes de neige, températures extrêmes locales - comme s'il s'agissait d'arguments climatiques, alors que seules les fréquences sur longue durée de tels événements ont un sens climatique. Cette confusion entre les aléas d'une météo chaotique par nature et les tendances climatiques provoquées par des changements dans les facteurs déterminants du climat (effet de serre, énergie solaire, volcanisme, courants marins, calottes polaires...) relève de la bévue de débutant.

Claude Allègre ne se limite pas à cette énormité. Il en livre une deuxième, impardonnable. Il prétend ainsi qu'il n'y a pas de tendance générale dans l'évolution du niveau de l'océan depuis 1993 et cite à cet égard les travaux d'Anny Cazenave, chercheur au Cnes, directrice adjointe du LEGOS, Laboratoire d'études en géophysique, et océanographie spatiales. Il publie même, dans son article, une carte des évolutions du niveau de l'océan tirée de ses travaux.
Il se trouve que, ce matin même, j'étais à la présentation des résultats et projets d'altimétrie spatiale au siège du Cnes, l'agence spatiale française. Et que madame Anny Cazenave y était elle aussi... et que ses déclarations sont un démenti formel des propos de Claude Allègre. "Il y a certes des endroits où le niveau de l'océan baisse et d'autres où il monte. Mais ces derniers étant beaucoup plus étendus et nombreux, le niveau moyen monte depuis 1993 de 3,3 millimètres par an, contre environ un millimètre par an au début du 20ème siècle."
Pour Anny Cazenave, "la moitié de cette élévation du niveau marin est provoquée par la dilatation thermique de l'océan en raison de son réchauffement. La fonte des glaciers continentaux, et la diminution de masse des calottes polaires expliquant le reste."

Commenter et relever les propos de Claude Allègre pourrait sembler inutile et répétitif. Comme de noter le soutien, prudent, qu'il donne à son ami Vincent Courtillot, prétextant que les critiques qui lui ont été faite concernant son article sur les relations entre le Soleil et le climat terrestre étaient le fait de médias employant contre lui "les mêmes termes infamants que contre Einstein en 1930". Un mensonge de plus puisqu'il a été démontré que les articles de Vincent Courtillot étaient tout simplement entachés d'erreurs factuelles et de calculs.
Mais l'ancien ministre pourrait peut-être le redevenir, puisqu'il y tient tant. Et donc jouer un rôle politique à rebours des préconisations des climatologues : maîtriser et diminuer les émissions de gaz à effet de serre afin d'atténuer tant que faire se peut les risques d'un changement climatique pour une part inéluctable... Et auxquels il faudra également s'adapter, avertissent-ils depuis vingt ans, l'un des mensonges récurrents de Claude Allègre, réitéré dans Le Point, étant que cet avertissement n'aurait pas été donné.
C'est pourquoi il faut souligner le courage d'un groupe de scientifiques, climatologues pour l'essentiel, qui ont publié, entre les deux tours des élections municipales, une lettre ouverte au Président et au premier ministre, s'inquiétant d'une telle nomination qui serait "un signal extrêmement négatif qui affaiblirait la crédibilité internationale de notre pays au moment où la France va prendre la présidence de l'Union Européenne."

Sylvestre Huet, journaliste à Libération

01 mars 2008

Monsanto à Babylone

L’agriculture millénaire irakienne détruite par les multinationales agro-alimentaires américaines

par Joëlle Pénochet

C’est au cœur de la Mésopotamie qu’a été inventée l’agriculture – avec un système d’irrigation sophistiqué –, voici plus de dix mille ans. La plaine alluviale exceptionnellement fertile située entre le Tigre et l’Euphrate offre des conditions idéales pour la culture des céréales. C’est là qu’est apparu le blé sauvage dans l’Antiquité. On y faisait pousser presque toutes les variétés connues aujourd’hui dans le monde (plus de 200 000). Les palmiers dattiers, autre ressource vitale du pays, abritaient des plantes potagères très variées.

Les «semences de la démocratie»1

Depuis son invasion en 2003, l’Iraq n’a pas été seulement spoliée de sa souveraineté politique, de son patrimoine archéologique, de ses ressources pétrolières, mais aussi de sa souveraineté alimentaire. En violation de la Constitution irakienne et des conventions de la Haye et de Genève, qui stipulent que l’occupant doit respecter la juridiction du pays occupé, l’administrateur provisoire Paul Bremer a édicté, avant l’installation d’un gouvernement fantoche par Washington, cent ordonnances scélérates qui ont force de loi. L’ordonnance 81 du 26 avril 2004 a livré le pays en pâture aux nécro-entreprises géantes qui contrôlent le commerce mondial des graines, comme Monsanto (le fabriquant de l’agent Orange). Elle conduit à la destruction irréversible de l’agriculture Iraquienne. L’Afghanistan avait subi le même sort en 2002.

Biopiratage dans le jardin d’Eden

Cette circulaire, rédigée de façon très perverse, a institué de fait une obligation pour les fermiers irakiens d’acheter chaque année une licence et des semences transgéniques aux multinationales américaines, alors que la juridiction irakienne interdisait toute privatisation des ressources biologiques.
La règle de «Protection des variétés des plantes» (PVP), au centre de cette loi, ne traite pas de biodiversité, mais de la protection des intérêts commerciaux des transnationales semencières. Pour être qualifiées, les plantes doivent être «nouvelles, distinctes, uniformes et stables», des critères que les plantes irakiennes ne peuvent pas remplir. Ces sociétés étrangères détiennent un droit de propriété intellectuelle qui leur concède pendant vingt ans le monopole sur la production, la reproduction, la vente, l’exportation, l’importation et le stockage de toutes les semences génétiquement modifiées et les variétés de plantes «similaires». Monsanto a fait un hold-up sur les semences de l’Iraq pour les modifier génétiquement et les breveter. Ainsi, les agriculteurs sont maintenant contraints de payer pour pouvoir cultiver des céréales qu’ils semaient depuis des millénaires!

Les fermiers iraquiens rançonnés par les géants semenciers

Cette ordonnance a rendu illégales les traditions antiques de sélection des meilleures semences par les agriculteurs pour les réutiliser d’une année sur l’autre, et d’échanges entre voisins. (Selon la FAO, 97 % des fermiers irakiens réutilisaient encore leurs graines, ou les achetaient sur le marché local en 2002). Par croisements, ils avaient créé des variétés hybrides adaptées au dur climat de la région.
Les agriculteurs «coupables» d’avoir semé des graines non achetées, ou dont le champ aurait été contaminé, encourent de fortes amendes, voire des peines d’emprisonnement et la destruction de leurs récoltes, de leurs outils et de leurs installations! Le terrorisme alimentaire pratiqué par les multinationales comme Monsanto dans les pays qu’elles colonisent, a conduit au suicide de milliers paysans par le monde – ruinés par l’achat annuel de semences transgéniques et des pesticides, herbicides et fongicides très toxiques qui leur sont nécessairement associés.
Les bombardements incessants depuis 1991 avec des armes à l’uranium appauvri – qui ont transformé le pays en une vaste déchetterie radioactive – et l’embargo de treize ans, avaient déjà commencé de détruire l’agriculture irakienne (anéantissement du système d’irrigation, du matériel agricole et des palmiers dattiers). De 1990 (date de l’instauration des sanctions) à 2003, le volume de la production de céréales avait diminué de moitié.

Vers le contrôle total de la chaîne alimentaire de l’Iraq par les transnationales américaines

En plus de subir les exactions quotidiennes des occupants, les fermiers iraquiens, devenus des serfs, sont désormais condamnés à produire des plantes artificielles, destinées pour moitié à l’exportation mondiale (ou aux troupes d’occupation, comme les variétés de blé réservées à la fabrication de pâtes, étrangères au régime alimentaire irakien), au seul bénéfice de Monsanto et consorts. Ceci alors même que la population irakienne souffre de la faim. Les chimères issues des nécro-technologies, représentent un très grave danger sur les plans environnemental, sanitaire, économique et éthique. Ils entraînent une pollution environnementale aussi irréversible que celle qui a été provoquée par l’uranium appauvri. Ils peuvent par ailleurs être utilisés dans le cadre de guerres biologiques ou bactériologiques silencieuses.2
Les OGM constituent l’une des principales armes des instigateurs du «Nouvel ordre mondial» pour asservir l’une après l’autre les populations du monde entier. L’Iraq est devenue le nouveau laboratoire en grandeur réelle de cet instrument de domination diabolique, et les Irakiens les cobayes. •

Source: www.votresante.org du 5/2/08

1 «Nous sommes en Irak pour y répandre les semences de la démocratie de façon à ce qu’elles y prospèrent et se propagent dans toute la région où règne l’autoritarisme.»(George Bush).
2 cf. Les articles de Mae Wang Ho et Joe Cumming, de l’Institute of Science in Society (ISIS).
Sources: articles de F.W. Engdahl, Stephan Lendman, Jeffrey Smith, Jeremy Smith, Michel Chossudovsky et Ghali Hassan sur www.globalresearch.ca

«Contrôlez le pétrole, et vous contrôlez des nations entières; contrôlez le système alimentaire, et vous contrôlez les populations.»

Henry Kissinger

01 février 2008

Arche de Zoé, pas si simple...?

Front de Libération du Temps de Cerveau Disponible

« Sérieusement ou avec humour combattre le décervelage «



Texte diffusé le dimanche 25 novembre 2007 de 12 heures à 13 heures, dans l’excellente émission « La Planète Bleue » sur la chaîne de radio suisse romande « Couleur 3 », qui est une chaîne de radio très fiable à tous niveaux.


Quand la fameuse affaire de l’Arche de Zoé a éclaté, curieusement, le Président Sarkozy n’est pas venu au secours des enfants victimes, ni des familles abusées, mais des voleurs d’enfants.

Pourquoi ? Pour protéger qui ? Pourquoi Nicolas Sarkozy est-il allé au Tchad chercher les journalistes français et les hôtesses espagnoles ? Pourquoi le président français a-t-il annoncé, haut et fort, qu’il irait chercher lui-même les membres de l’association « Arche de Zoé », quoi qu’ils aient fait, mettant ainsi le feu à un baril qui n’avait pas besoin d’arrogance pour s’enflammer.

S’agit-il d’une maladresse due à la précipitation, ou l’affaire des illuminés de l’Arche de Zoé cacherait t-elle une autre affaire autrement grave, bien plus glauque, qui aurait conduit le président français à la gaffe internationale ?

Y aurait-il des imbrications entre l’exfiltration d’enfants tchadiens vers l’Europe, l’industrie pharmaceutique, et les milieux d’affaire ?

Chaque jour qui passe voit apparaître de nouvelles questions. Pourquoi et comment l’association l’Arche de Zoé, a-t-elle bénéficié de passe-droits au ministère des affaires étrangères, au ministère de la défense, voire au ministère de l’intérieur ? Pourquoi et comment l’association l’Arche de Zoé, a-t-elle pu utiliser les avions Transal de l’armée française, pour transporter son matériel de N’Djaména à Abéché ? Pourquoi les services du ministère français de la défense, connaissaient-ils le plan de vol du Boeing affrété par Eric Breteau, le président de l’Arche de Zoé ?

Le Boeing atterrit à Abéché, un aérodrome sous contrôle militaire tchadien … et français, certains gradés français étant présents dans la tour de contrôle. C’est depuis Abéché, que, grimés en blessés, les gamins devaient embarquer dans l’avion garé en bout de piste.

Est-ce que les moyens tout à fait étonnants dont a profité l’Arche de Zoé, est-ce que la précipitation maladroite du président Sarkozy, à s’impliquer personnellement dans l’affaire, aurait un rapport avec le financement trouble de l’association l’Arche de Zoé ? Cette affaire, qui est tout le contraire d’une histoire de pieds nickelés, soulève tellement de questions, que certains se demandent aujourd’hui, si derrière cette bavure humanitaire, ne se cache pas une affaire d’une toute autre ampleur, une affaire d’expérimentations thérapeutiques sur des patients pas du tout volontaires.

L’association l’Arche de Zoé est une initiative d’un organisme français Paris Biotech Santé. Elle est financée par une société de développement de produits pharmaceutiques BioAlliance Pharma, dont le propre frère du président, François Sarkozy, est vice-président du conseil de surveillance. Certains observateurs se demandent si BioAlliance Pharma, qui mène des recherches sur le sida et pratique des essais thérapeutiques, n’aurait pas un lien avec l’affaire des infirmières bulgares, dont la libération avait déjà été négociée par la famille Sarkozy. Quelles sont les réelles activités de BioAlliance Pharma, dont fait partie le frère du président Sarkozy ?

La compagnie développe des médicaments pour traiter des maladies décrites comme mille fois plus virulentes en Asie du Sud-Est et dans l’Afrique subsaharienne que chez nous. Pour développer ces traitements la société pratique des expérimentations sur des patients, comme par exemple pour le Loramic, cinq cent quarante patients répartis sur quarante sites différents à travers le monde. Stéphanie Lefèvre, la secrétaire générale de l’Arche de Zoé, est directrice adjointe de Paris Biotech Santé. Et François Sarkozy, le frère du président, figure avec elle parmi les membres du comité d’évaluation de cet organisme spécialisé dans la recherche bio-médicale. D’où les questions qui enflent sur le web. Y aurait-il un rapport entre ces sociétés pharmacologiques, et l’intervention du président Sarkozy au Tchad. C’est comme la maladie d’Alzheimer, devenue grande cause nationale française, aussitôt après l’élection de Nicolas Sarkozy. Cette déclaration surprise aurait-elle un rapport avec le fait que son frère, François Sarkozy, siège à AEC Partners, dont le principal client est l’américain Pfeizer, leader mondial de l’industrie pharmaceutique, et spécialiste du traitement de la maladie … d’Alzheimer.

Au printemps dernier, le Nigéria a attaqué devant la justice internationale le géant Pfeizer, qui aurait je cite : « effectué en 1996, de façon illégale, l’essai clinique d’un médicament, le Trovan, sur deux cents enfants » fin de citation. L’inventeur du Viagra aurait secrètement utilisé des enfants comme cobayes, pour tester de nouvelles molécules, sous couvert d’aides humanitaires. Onze enfants sont morts lors de ces tests. D’autres ont subi de graves séquelles : surdités, paralysies, lésions cérébrales, cécités. Le Nigéria réclame dix milliards de dollars à Pfeizer. C’est le Washington Post qui a révélé le scandale.

Le journal belge sept sur sept s’interroge lui aussi sur le rôle de Paris Biotech Santé, où travaille Stéphanie Lefèvre, la secrétaire générale de l’Arche de Zoé, et François Sarkozy le frère du président. Je cite « L’Arche de Zoé n’est pas une histoire d’amateurs. Ils sont très professionnellement organisés, et ne manquent pas de fonds et de soutiens, en tout genre. La soit disant « petite » association semble avoir préparé cette opération au Tchad, avec beaucoup de relations d’influence, et de moyens techniques et financiers. » Fin de citation.

Pourquoi le président Sarkozy veut-il aller récupérer les militants de l’Arche de Zoé au Tchad ? Pourquoi a-t-il voulu aller récupérer les infirmières bulgares en Lybie ? Est-ce que c’est juste pour faire le beau, pour parader devant les caméras du monde entier, ou est-ce que tout en haut de l’état français, on redouterait que des choses finissent par se dire dans les geôles africaines. On évoque notamment des expérimentations humaines financées par de puissants labos de biotechnologie, sous couvert d’aide humanitaire.

Non, non, bien sûr, toute cette histoire n'est qu'un fantasme de plus des théoriciens du Complot....!



Quelques liens pour vous faire une idée:


Arche de Zoé : que faisaient Nicolas, Cécilia et François dans cette galère ?
par Thierry Meyssan
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Mise au point de Paris Biotech Sante

Paris Biotech Santé

30 janvier 2008

Un espion à la Société générale ? Oui, mais pas dans la finance !

Un article de Morice pour Agoravox sur le scandale qui frappe la société Générale.


Mais c’est qu’il y a du beau monde à la tête de la Société générale… on se doutait bien que le positionnement de la banque française n’était pas très clair vis-à-vis du courtier évincé. Les dernières déclarations de ce dernier indiquent bien semble-t-il qu’il est l’arbre qui cache la forêt. L’homme aurait certes dérivé de ses attributions de départ, mais sans que la banque ne le laisse complètement isolé. L’enquête dira exactement quelle est la part de l’un et quelle est la part de l’autre. Le président du conseil d’administration, Daniel Bouton est bien sur la sellette.

Ce soir, on apprend que c’est pire encore, car la débandade bancaire à laquelle il a participé, en se fourvoyant à un point faramineux dans l’aventure des subprimes américaines, lui a peut-être été soufflée par des membres de son propre conseil d’administration, qui l’auraient poussé à faire monter les prix, à faire fructifier au maximum ses dividendes, pour mieux se retirer avant que ça ne retombe. En le faisant au bon moment, à savoir juste après avoir été prévenu de la chute imminente, ce qu’on appelle en clair un délit d’initié. Tout le monde avait déjà remarqué l’intérêt que M. Bouton portait aux usagers de sa banque. La lettre d’excuse qu’il a rédigée ses derniers jours, en effet, n’était pas adressée à ses clients, mais… aux seuls actionnaires. A la Société générale, ce n’est pas le client qui est roi : c’est l’actionnaire.

Or, certains de ceux-ci ont décidé de se révolter, trouvant aujourd’hui la dévaluation de leur action un peu raide. Ce soir, ils ont une autre raison de vouloir le faire : l’un des membres d’administration de la banque a retiré vite fait bien fait la bagatelle de 85 744 953 d’euros le 9 janvier dernier, soit une vingtaine de jours avant que l’action ne chute réellement, et dix jours après que la banque ait découvert officiellement la malversation. Un timing parfait, car le cours est déjà en train de s’effondrer. Mieux ou pire encore : l’homme n’est pas un inconnu. Il n’est pas Français non plus… il est… Américain, s’appelle Robert A. Day et présente un pedigree intéressant. A faire pâlir n’importe quel petit actionnaire. Car l’homme, sans avoir de double vie, jouait au milieu même de la Société générale, un autre rôle. Un rôle étonnant…

Né en 1943, Robert A. Day, de son vrai nom Robert Addison Day, est le petit-fils d’un foreur de pétrole, William Myron Keck, fondateur de Superior Oil, revendu 5,7 milliards de dollars à Mobil (devenu Exxon en 1984). Il est pour sa part le dirigeant milliardaire de Trust Company of the West, qu’il dirige avec Robert D. Beyer, supporter sans honte de Mitt Romney et de Catherine Harris, qui pour nous n’est pas une totale inconnue, puisqu’elle fut en 2000 la calamiteuse secrétaire de l’Etat de Floride, restée célèbre pour ses malversations électorales et le fiasco du décompte des voix à la main qui l’avait suivi. Pendant ses 22 premiers mois de travail, elle a passé son temps à voyager de par le monde entier, dépensant 106 millions de dollars en tickets d’avion. Nommée seconde de liste sur la liste Geb Bush de Floride, c’est elle qui supervise l’élection de 2000 : le conflit d’intérêt est évident ! Pour ne rien gâcher, c’est une fervente membre de la Coral Ridge Presbyterian Church, et combat bien sûr l’avortement… Elle a bien entendu soutenu la guerre en Irak, en sachant pertinemment que Saddam Hussein n’avait pas d’armes de destruction massive, une chose avouée par elle à la télévision.

A. Day, lui, n’est pas en reste : en 2000, il était entré dans le club huppé des meilleurs donateurs de la campagne de W. Bush avec plus de 100 000 dollars, culminant à 176,275 dollars de contribution. A la table d’administration de sa compagnie, Trust Company of the West, il est vrai siégeait Henri Kissinger. L’homme étant malin, ça ne l’empêchait pas d’inviter à la même époque le secrétaire d’Etat de Clinton, Warren Christopher, sur son yacht personnel. Républicain bien droitier, il est également membre d’un club hyper select, le Alfalfa Club, dont a fait partie Prescott Bush, le grand-père pro-nazi de W. Bush. L’activité essentielle du club consiste à célébrer la mémoire du général Lee, le général confédéré (sudiste) qui avait bien fini par se rendre en avril 1865.

Pour Forbes, Addison Day est un client sérieux : il “vaut” 1,3 milliard de dollars et culmine au 297e rang sur les 400 plus riches Américains. Au même rang que Donald J Schneider, l’homme aux 48 000 camions qui sillonnent chaque jour les Etats-Unis. Une fortune qui vient… de France : TCW a laissé en 2001 à la Société générale 70 % de ses parts, vendues pour 2,5 milliards de dollars : la revente récente de ses actions Société générale indique davantage encore la panique engendrée par la situation de la banque française majoritaire dans son entreprise ou les parts qui lui appartiennent encore ! Ses investissements en participation sont variés, dans les secteurs de pointe, mais aussi chez Diebold, où il possède 4,32 % de parts. Bref, notre homme, qui n’en est pas à sa première action, loin s’en faut, s’est débarrassé d’un bon lot, au bon moment. A un tarif défiant toute concurrence : 38 % de plus que le court actuel, soient 900 000 actions à 95,27 euros.

A-t-il été prévenu ? Le conseil d’administration de la Société générale, où il siège, était-il au courant ? Les petits actionnaires ou les clients savent-ils que la banque est dirigée par quelqu’un qui soutient financièrement l’épopée de toute la famille Bush depuis le début ? Et plus encore ? Car, et c’est nettement plus grave, l’homme est aussi membre depuis 2001 du President’s Foreign Intelligence Advisory Board (ou Piffiab), créé en 1956 par Eisenhower, un groupe de patrons de divers horizons offrant leurs services dans le domaine de… l’espionnage et les services secrets, pas moins. Comme le disent ces statuts : “The President’s Foreign Intelligence Advisory Board (PFIAB) provides advice to the President concerning the quality and adequacy of intelligence collection, of analysis and estimates, of counterintelligence, and of other intelligence activities. The PFIAB, through its Intelligence Oversight Board, also advises the President on the legality of foreign intelligence activities”.

Son président jusqu’en 2004, Brent Scowcroft, par exemple, était membre de Qualcomm et de Global and Power Pipelines, une division d’Enron… or il est intervenu à plusieurs reprises dans le conseil sur la stratégie à tenir au Moyen-Orient ! Accédant aux secrets d’Etat avec les 15 autres membres, il pouvait donc aussi dans l’autre sens en faire bénéficier ses propres sociétés ! Notre homme du jour, Arisson Day, y croisait par exemple tous les deux mois pendant 2 jours Philip Zelikow, l’âme damnée, celui qui a affirmé ceci : ”Why would Iraq attack America or use nuclear weapons against us ? I’ll tell you what I think the real threat (is) and actually has been since 1990 — it’s the threat against Israel”, à savoir qu’il reliait l’attaque de l’Irak à la défense d’Israël. Comme le dit l’article “Known in intelligence circles as ”Piffy-ab”, the board is supposed to evaluate the nation’s intelligence agencies and probe any mistakes they make.”...

C’est le bureau du Piffiab, influencé par Zelikow, qui a complaisamment insisté sur les armes de destruction massives (inexistantes) de Saddam, excuse retenue très tôt par W. Bush car le groupe a l’oreille directe du président : “The PFIAB reports directly to the President, and provides recommendations for actions to improve and enhance the performance of intelligence efforts”. Comme par hasard aussi, c’est Zelikow qui a conduit l’enquête sur les attentats du World Trade Center ! Et en a conclu ce qu’on sait. C’est lui qui avait rappelé un jour qu’un événement comme le WTC pourrait jouer le même rôle qu’un nouveau Pearl Harbour dans l’opinion publique…

La Société générale a donc hébergé au sein de son conseil d’administration quelqu’un qui a exercé une influence directe sur la conduite du monde et de la guerre en Irak sans qu’on ne s’en aperçoive le moins du monde. Un homme obligé de faire des rapports tous les deux mois, et qui rencontrait régulièrement le président des Etats-Unis, et certainement pas pour lui parler design de guichet ou nouveau logo de la Société générale qu’il fréquentait et fréquente encore. On est fort tenté ce soir de savoir ce que la DGSE pense du cas de figure, de cet industriel jouant les contre-espions aux Etats-Unis, à la tête d’une des plus grandes banques françaises, via son conseil d’administration…

Un espion siégeait bien à la Société générale, finalement, mais ce n’est pas le trader visé, et il n’a que fort peu à voir avec le secteur bancaire…

27 décembre 2007

Dans le Loiret, on fume gratis

Près d’Orléans, des militants libertaires cultivent biologiquement du cannabis, puis le distribuent gracieusement.


Dans le Loiret, là où passent les fumeurs, l’herbe repousse. Pour un petit groupe de militants anarchistes, c’est même devenu un rituel. On plante, on fait pousser en respectant les principes de la culture biologique. Et, surtout, on se fait un devoir de distribuer cette «beuh» sans la moindre contrepartie financière. Question de principe. «Nous avons fait le choix de la qualité et de la gratuité», explique Nestor (1), l’idéologue du groupe.

Récolte. Ce salarié, la trentaine rebelle, béret noir frappé d’une étoile sur la tête, réplique parfaite de celui porté par Che Guevara, vit cette expérience vieille de deux récoltes comme une démarche politique. «J’ai moi-même arrêté de fumer pendant quatre ans par ras-le-bol d’alimenter les réseaux mafieux. Avant de trouver cette alternative viable, humaine et sociale.» Deux fois par an, Nestor quitte Orléans pour Montargis. Là-bas, il y retrouve Pedro (1), un autre militant qui, lui, possède un terrain. «Nous plantons courant février et récoltons vers octobre», expliquent-ils. «L’entretien des plants nous demande une heure de travail par semaine, tout au plus. Pourquoi se faire du blé sur un investissement aussi léger ?»

Dès la récolte terminée - de quoi répondre aux besoins de fumette du groupe pour une année entière -, les militants reprennent leurs habitudes. En tendant l’oreille. «Nous ne faisons pas de prosélytisme, insiste Nestor. Quand quelqu’un aborde le sujet, je l’informe de notre initiative, et, s’il est d’accord sur le principe, je lui livre un sac.» Les quantités ainsi cédées sont impressionnantes. L’herbe est claire et parfumée. Ses effets, s’ils ne sont apparemment pas comparables à ceux de la jamaïcaine, sont jugés «très satisfaisants» par les bénéficiaires. S’ils vendaient leur herbe, chaque livraison leur rapporterait environ 200 euros, mais les militants ne regrettent rien. «L’illégalité du cannabis en augmente artificiellement la valeur», pensent-ils. «Nous comparons notre gestion de ce produit à celle des fruits et légumes que les agriculteurs biologiques diffusent au travers des Amap, les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne.»

Leur clientèle de prédilection demeure l’entourage direct. Mais aussi les fumeurs limités par un pouvoir d’achat trop faible. Une logique du «produire plus pour fumer plus». «Tout en prenant en compte les dangers relatifs du cannabis, je préfère qu’un mec à la rue ou en détresse sociale fume plutôt qu’il se jette dans un alcoolisme abrutissant», se justifie Nestor. «Avec notre système et la distribution systématique des graines, nous invitons les gens à reproduire notre schéma et à devenir maîtres de la chaîne de production.»

Au Collectif d’information et de recherche cannabique (Circ), association qui milite pour la légalisation du cannabis, on observe ce mouvement avec amusement. «Nous connaissons des fumeurs qui produisent chez eux pour leur propre consommation, mais des Zorro comme ceux du Loiret, jamais vu, lance Nathaniel, président du Circ Paris. Nous encourageons les fumeurs à s’organiser ainsi pour s’assurer d’avoir un produit de qualité au moindre coût et d’échapper au marché clandestin.»

Pour assurer cette autosuffisance, le Circ préconise la création de «Cannabis social clubs». Des sortes de Rotary pour fumeurs assumés, censés diluer les responsabilités de chacun. Selon le Circ, en effet, c’est le producteur qui risque gros au regard de la loi. L’idée est donc qu’en dispersant la production on partage les risques.

La cession de cannabis, qu’elle soit gratuite ou marchande, est en outre soumise aux mêmes règles juridiques. «En théorie, un producteur peut écoper de la prison à vie, poursuit Nathaniel. Dans les faits, quand on se fait choper avec une petite quantité et sans antécédents judiciaires, on risque six mois de prison avec sursis.»

Légalisation. Un risque que mesurent clairement les fumeurs du Loiret. «En qualité de militant politique et syndical, je sais qu’ils pourront me descendre par le biais des stupéfiants. Mais j’en prends le risque», clame Nestor. «En matière de stupéfiants, la législation pénale a un côté hypocrite, concède Eric Grassin, avocat au barreau d’Orléans, les peines maximales ne sont que rarement infligées. Pour ce qui est de la cession gratuite, toutefois, les producteurs et les consommateurs ne doivent pas se faire d’illusions. L’état actuel de la jurisprudence ne laisse guère d’espoir. Devant une cour, je plaiderais volontiers cet aspect du dossier comme circonstance atténuante, mais le délit resterait le même au regard des textes en vigueur.»

L’improbable légalisation du cannabis, les fumeurs militants du Loiret n’en ont cure : «Nous ne sommes pas favorables à ce que l’Etat mette son nez là-dedans et édicte sa loi. Nous continuerons de toute façon pour que les consommateurs n’aillent ni financer un état hypocrite ni des réseaux mafieux», conclut Nestor.

MOURAD GUICHARD Libération.fr